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Ehpad : « Laisser plus de libertés décisionnelles aux professionnels et aux résidents »

Stéphane Adam

Stéphane Adam est pyschologue clinicien et, entre autres, co-auteur d'une étude sur les effets de l'âgisme sur la santé des seniors.

Crédit photo DR
Professeur de psychologie du vieillissement à Liège (Belgique), Stéphane Adam interviendra le 11 octobre à Roubaix, lors d'un colloque intitulé « Habiter en Ehpad entraîne-t-il une sous-citoyenneté ? ». Une question à laquelle il répond en avant-première.

Actualités sociales hebdomadaires - En quoi les personnes âgées d’Ehpad seraient-elles des sous-citoyens ?

Stéphane Adam : Ces dernières années, les Ehpad ont été pensés essentiellement en suivant le modèle de l’hôpital. La dimension du soin est donc extrêmement présente dans ces structures. Les résidents en ont besoin,, mais il convient de trouver le juste équilibre. En santé, il y a deux extrêmes dans le continuum : la santé physique (soins, hygiène et sécurité) et la santé mentale (bien-être et qualité de vie). Si on déplace le curseur d’un côté, c’est au détriment de l’autre. Ce qui a été le cas lors des deux premières vagues de Covid : les pouvoirs publics ont déplacé le curseur du côté de la santé physique. Pour nous protéger, on a restreint nos libertés et nos choix. Ce qui a eu pour conséquence une augmentation drastique des problèmes de santé mentale dans les populations. Ce que nous avons subi à ce moment-là, les personnes âgées en Ehpad le vivent au quotidien. Avec ce que j’appelle la  « dominance du soin », les résidents ne sont plus autodéterminés. On leur enlève leur liberté de choix.

Ce phénomène n’est-il pas lié aussi à l’assimilation du vieillissement à une maladie ?

Effectivement, cette vision participe à une forme de sous-citoyenneté de la personne âgée. Il y a un certain âgisme bienveillant. Plus le senior est perçu comme dépendant, plus nous serons enclins à l’aider, plus notre comportement sera condescendant, infantilisant.. Nous allons décider à sa place, contre sa volonté. A cela s’ajoute le fait que les Ehpad sont, comme les hôpitaux, des systèmes très hiérarchisés. Les groupes gestionnaires donnent des ordres à une direction qui, elle-même, impose une ligne de conduite à des chefs qui l’imposent aux professionnels de terrain et, in fine, les résidents subissent. On ne leur demande pas leur avis.

Après la crise sanitaire, les choses ne sont-elles pas en train de changer ?

La crise sanitaire a aggravé les choses car nous avons encore plus déplacé le curseur du côté soins, hygiène et sécurité en interdisant l’accès aux familles, en limitant les activités collectives pour protéger les personnes âgées. Mais il y a toutefois une prise de conscience. Nous sommes à un moment charnière, celui où tout bascule du bon ou du mauvais côté. Le mauvais serait de dire qu’il faut davantage de soignants et de ressources de soins dans les établissements. On ferait perdurer la dominance du soins au risque de conséquences délétères pour les résidents. Le bon côté serait d’avoir une approche de l’Ehpad « comme à la maison », en laissant plus de libertés décisionnelles aux professionnels et aux résidents. Pour ce faire, il convient d’agir sur les formations. Dans les Ehpad, les professionnels ne sont pas assez formés aux problématiques du vieillissement. Tous intervenants confondus, en cursus initial, il n’y a en moyenne que 4 % du contenu des cours qui portent sur la personne âgée. C’est bien trop peu. Pourtant, chaque professionnel interrogé l’affirme : son objectif principal est d’améliorer la qualité de vie des résidents. Mais aucun d’entre eux n’a déjà eu une seule heure de cours dédiée à cette thématique. Difficile donc de parvenir à cette aspiration.

 

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