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Blocage idéologique

Il est vrai que 200 000 places d’hébergement d’urgence ont été créées ou pérennisées pendant la crise sanitaire.

Il est vrai que des millions de repas à 1 € ont été servis dans les cantines scolaires.

Il est vrai que des milliers d’enfants peuvent bénéficier quotidiennement de petits déjeuners à l’école.

Nier l’importance de ces mesures de lutte contre la pauvreté et la précarité n’a pas de sens. A l’heure du bilan du quinquennat et alors qu’Emmanuel Macron est un Président en campagne, le gouvernement a beau jeu de rappeler que sans les minima sociaux couplés à ces dispositifs d’urgence, le taux de pauvreté s’élèverait à 22 % contre 14 % au moment où s’imprime ce journal.

Il existe une autre manière de percevoir la réalité. Elle s’appuie sur les faits et offre une perspective bien moins riante.

D’abord, les minima sociaux ne résultent pas d’une politique récemment mise en place, et encore moins depuis 2017. C’est ensuite tenter d’occulter des coups de rabots bien mal vécus par des populations déjà fragilisées. La baisse des aides personnalisées au logement ou les nouvelles modalités de calcul des indemnités journalières des demandeurs d’emploi n’ont pas été oubliées. Le non-recours n’est jamais évoqué non plus. La Cour des comptes le chiffre entre 34 % et 49 % pour le seul minimum vieillesse.

Les mesures d’urgence présentent un double avantage : ponctuelles, elles se prêtent à de bien pratiques exercices de communication. Est-ce pour cette raison qu’elles sont systématiquement privilégiées par l’exécutif au détriment de mesures structurelles de long terme ? Des mesures aux effets bénéfiques dont pourrait tirer profit une autre majorité législative.

Parmi elles le fameux RUA. Le revenu universel d’activité initialement présenté, avec l’insertion par l’emploi, comme le pilier de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté, a été définitivement enterré. En toute discrétion.

La politique du logement ne bénéficie d’aucun égard non plus : seule la question de l’hébergement d’urgence retient l’attention des pouvoirs publics.

Dans un enregistrement vidéo savamment mis en scène, le chef de l’Etat déplorait « le pognon de dingue » dépensé dans les aides sociales. S’interroger sur l’utilisation de l’argent public est légitime. Il s’agit finalement de distinguer une dépense à fonds perdus et un investissement permettant à chacun de se construire dans la dignité. Le blocage idéologique de l’actuelle majorité empêche depuis quatre ans et demi de poser de bonne foi l’ensemble des termes de ce débat.

Éditorial

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