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Assistantes familiales : les grandes inquiétudes du déconfinement

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Photo d'illustration

Crédit photo DR
Les assistantes et assistants familiaux accueillent la moitié des enfants confiés à l’aide sociale à l’enfance. Ces quelque 45 000 « familles d’accueil » sont en première ligne depuis le début de la crise sanitaire. Pour ces professionnels, le déconfinement soulève beaucoup de questions. Entretien avec Michèle Babin, chargée de mission au sein de la Fnaf (Fédération nationale des assistants familiaux), qui fédère plus de 2 000 acteurs du secteur.

Actualités sociales hebdomadaires : Le déconfinement devrait avoir lieu dans quelques jours. Comment les assistantes familiales l’appréhendent-elles ?

Michèle Babin : Leur inquiétude concerne actuellement le retour à l’école des enfants qu’elle ont en charge. Certaines assistantes familiales sont des personnes dites à risque, de par leur âge ou leurs pathologies. C’est aussi parfois le cas de leurs conjoints, alors il existe une réelle crainte d’être contaminée par un enfant qui aurait été en contact avec le virus à l’école. Par ailleurs, on nous fait part de situations où des départements veulent obliger les assistantes familiales à remettre les enfants en classe, alors que c’est censé être sur la base du volontariat. Sur ce point, Adrien Taquet, secrétaire d’Etat chargé de la protection de l’enfance, a précisé les choses. Si les parents de l’enfant placé ne veulent pas le remettre en classe, leur choix sera appliqué. En revanche, s’il y a désaccord entre les deux parents, le juge des enfants sera contacté et devra trancher. C’est important que les parents aient voix au chapitre à ce sujet. Mais si, dans plusieurs départements, les inquiétudes des assistantes familiales ne sont pas prises en compte, quelques-unes envisagent d’appliquer leur droit de retrait. Il faut se figurer que certaines ne sont pas sorties depuis des semaines et se font même livrer les courses pour plus de précautions, lorsque le niveau d’anxiété est à son maximum.

A l’inverse, des assistantes familiales ont été particulièrement sollicitées ces dernières semaines, accueillant jusqu’à cinq enfants. Celles-ci n’attendent-elles pas impatiemment le déconfinement ?

M. B. : Il faut rappeler que nous avons donné comme mot d’ordre d’éviter le surnombre, car on savait qu’on allait être submergées, notamment avec l’école à la maison, avec des enfants de niveaux différents et parfois atteints de troubles. Il y a donc clairement des situations d’épuisement, avec la crainte de burn-out. Car, en plus de l’école, il a fallu gérer des troubles du sommeil, parfois de l’agressivité. Certaines collègues envisagent de poser des arrêts maladie, d’autant que nous ne savons pas quand nous pourrons souffler. La question des congés d’été se pose (les assistants familiaux disposent de 35 jours de congés annuels, ndlr). Habituellement, nous envoyons pendant cette période les enfants en colonies de vacances. Or, avec l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 24 juillet, nous craignons que ce ne soit pas possible. Le secrétaire d’Etat nous demande de poser nos congés, mais il est conscient que les solutions d’accueil parallèles risquent de manquer. Quant à la solution des assistantes familiales relais, celles-ci ne seront pas assez nombreuses pour assumer tous les besoins. Le déconfinement n’est pas simple, beaucoup d’inquiétudes se manifestent.

L’une des préoccupations majeures porterait sur la question des examens pour les jeunes les plus âgés…

M. B. : Effectivement. Nous nous interrogeons en particulier sur le cas des lycéens, dont les cours ne vont pas reprendre, semble-t-il, avant septembre, ainsi que sur celui des enfants en apprentissage ou en CAP. Comment vont s’organiser leurs épreuve, sachant que toutes les familles d’accueil n’ont pas nécessairement les outils informatiques adéquats pour les accompagner ? L’avenir de nos jeunes nous préoccupe beaucoup. S’ils sont globalement rassurés, et que certains se sont même « posés » pendant ce confinement, pour d’autres – dont ceux porteurs de handicap –, ça a été plus compliqué. Certains Itep (instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques) et IME (instituts médico-éducatifs) ont fermé et, dans certains cas, les assistantes familiales se sont senties très seules et n’ont pas reçu l’aide nécessaire. C’est quelque chose qui remonte massivement du terrain. Heureusement, d’un autre côté, on a senti des référents et des psychologues très présents. Ce mercredi, d’ailleurs, lors d’une réunion entre les acteurs du secteur et le secrétaire d’Etat à la protection de l’enfance, les associations ont souligné l’importance des assistants familiaux, qui n’ont jamais abandonné leur poste, et cette reconnaissance fait du bien. Nous avons fait en mars une pétition pour demander à bénéficier nous aussi d’une prime de 1 000 €, comme les soignants. Le secrétaire d’Etat ne semble pas contre, mais il doit soumettre cette proposition à l’Assemblée des départements de France. En attendant, le 22 avril, la commission des finances du Sénat a fait adopter un amendement pour octroyer une prime exceptionnelle de 500 € aux assistants familiaux de l’aide sociale à l’enfance. Un amendement qui a finalement été refusé en commission mixte, et ça c’est un coup dur.

 

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